Un conte parisien violent

  Durant un été caniculaire à Paris, place Stalingrad, Salomé, quatorze ans, zone au milieu des clochards et des camés du quartier tout en faisant la nique aux dealers quand elle ne leur rend pas service.

  Livrée à elle-même alors que sa mère a disparu à New-York, que son père flic est moins qu'une ombre et que sa soeur vit une histoire d'amour, Salomé fait de Stalingrad son terrain de jeu qu'elle parcourt de long en large sur son skate.

  Ici est son royaume, où les monstres vivent dans les recoins obscures, dans les ombres des tunnels, dans les ombres des esprits.

  Clément Milian est le conteur de ce conte expéditif, passionnant, cru et dur, émouvant.

  On s'attache tout de suite à cette gamine originale, hors des clous, qui circule parmi les pauvres hères de son quartier et qu'elle considère comme ses seuls amis. Salomé offre l'argent que lui donne son père aux démunis, elle leurs parle, elle les écoute, elle fait des courses gracieusement pour des dealers quand elle en a envie et elle les envoie allègrement sur les roses quand ils la prennent pour leur coursier. Salomé est libre et elle s'interroge sur ce monde qui semble l'esclave de ses pulsions qu'elle ne comprend pas.

  C'est beau et fugace comme un rayon de soleil sur un bout de macadam détrempé par une averse fulgurante.