Au Guet !

  Un dragon ! Il y a un dragon qui se balade dans les rues d'Ankh-Morpork ! Pas les petits dragons atrophiés des marais pas plus grands qu'un chien, craintifs et qui s'autodétruisent au moindre stress. Que nenni ! Ici, il s'agit d'un vrai dragon à la taille standard, vingt-cinq mètres au bas mot, des serres longues comme des candélabres et une gueule qui crache du feu de plusieurs millions de degrés.

  Que faire ? D'autant que ce bougre d'animal apparait et disparait comme un fantôme.

  Pour les habitants, le seul espoir de les sauver serait l'arriver d'un héros avec épée magique, armure et tout le toutim, mais ils n'ont pas ça, non. A la place, ils ont le Guet... Ce qui pourrait passer au mieux pour une police muinicipale, mais composer de quatre agents : le capitaine Vimaire, poivrot notoire, deux officiers râleurs et couards, Côlon et Chicard, et un bleu tout juste débarqué de sa campagne, Carotte, un lascar d'un mètre quatre-vingt-dix-huit élevé par des nains. Ensemble et avec l'aide du bibliothécaire de l'Université de l'Invisible (récemment changé en singe à cause d'un incident magique), ils vont devenir le seul rempart de la ville face au dragon...

  Alors, inquiet ?

  Comme dans chaque tome des Annales du Disque-Monde, on se demande dans quelle aventure rocambolesque Terry Pratchett va nous emmener et ce huitième volume ne fait pas exception.

  Nous revoilà à Ankh-Morpork, ville poubelle où les guildes (d'assassins, de voleurs, de marchands et j'en passe...) maintiennent un semblant d'ordre grâce à un chaos contrôlé sous l'oeil froid, calculateur et attentif du Patricien de la ville, Vétérini. On rit dès les premières pages, les situations ubuesques, les quiproquos, les dialogues improbables, les personnages hauts en couleur, s'enchainent et on se surprend à rire et à sourire tout au long de la lecture.

  On s'attache particulièrement aux agents du Guet qui, depuis que les guildes s'occupent de faire régner un semblant d'ordre, ne font que de la figuration ; par exemple, il leur est interdit d'arrêter assassins ou voleur qui doivent remplir un côtat. Donc les agents du Guet ne font plus rien que brailler l'heure la nuit jusqu'à l'arrivée du dragon où ils vont devoir se révéler, emmenés par leur capitaine, Samuel Vimaire qui va devoir quitter ses frusques de saoulard pour devenir un leader. On finit par adorer cette joyeuse bande de bras cassés.

  Un bon moment de lecture donc, servit par une plume caustique et intelligente, à mi-chemin des Monty Python et de Mr Bean.